mardi 8 février 2011

Voyage en Haïti (en Avril 1981)

vendredi Saint 17 avril 1981

(Patrick)
Je manque de crever par intoxication au flytox mais à coup de ventilateur, cela passe. Réveil vers 7h. Il fait très beau sur la baie de Jacmel. Petit déjeuner dehors avec les doudous en blanc à 8h ; piscine, bronzette, valise, départ vers 10h. On prend la piste des plages (état correct) jusqu'à Cyvadier Beach à 8km? Hôtel semble sympa mais en travaux. En bas d'un escalier, crique de sable jaune avec des gamins qui vendent des langoustes, cocos et fruits. Cela semble baignable. Retour sur Jacmel. Petit tour en ville, tout est fermé car le vendredi Saint est férié. De nouveau les superbes 400 virages où Marianne se sent réellement mal ! Petit arrêt pour éviter le pire, puis fin de la descente. En bas, virage à gauche pour la route des Cayes. C'est le bord de mer fertile comme entre Port au Prince et là. Petit détour à grand Goave, ville assez poussiéreuse ambiance Nord-Mexicaine. Puis chemin de terre pour Taïno Beach (hôtel figurant sur Jet Tour). Là, escroquerie dès l'entrée, 14$ (4 pour l'entrée, 10 minimum charge). À part ça, il y a un tennis, piscine correcte, restaurant choucoune, bars, et une belle plage avec tout petit corail plat au bord puis belle eau profonde vert clair assez chaude. On a l'air de pouvoir y faire de la voile et de la plongée. C'est la première fois que nous voyons du monde dans un hôtel haïtien. Bain mer/piscine, bronzage (je pèle !), déjeuner (attente une heure pour commander), rebain. Départ vers 15h car il reste 135 km à faire. Mais c'est de la belle route en état excellent dans un paysage superbe, malheureusement 100 % à contre jour (et j'ai perdu mes lunettes de soleil à Taïno). Verdure, petites collines aux formes bizarres, superbes baies du Sud avec plages désertes, petits villages de cayes avec les fêtes du vendredi saint (foules colorées rouge et blanc avec incantations et chants un peu en 'rhum'ées en plein milieu de la route qu'on fouette ou balaie, 2 groupes avec majorettes se font face et des gens à sifflets nous fraient un passage dans le tas).
Arrivée aux Cayes : contrôle de police, puis fin du goudron. On décide de n'aller à Macaye que le lendemain et on s'arrête à l'hôtel Concorde, un cran en dessous de nos habitudes ! Le jardin est mignon, la piscine correcte mais la chambre sent le renfermé. Petit bain piscine. Rhum-punch avec un couple de français déjà vus à Jacmel et qui voyagent avec Jumbo (à retenir !).
Du coup, on nous met tous les quatre à la même table pour un repas moyen (genre de thon au court bouillon, sauce piquante et gâteau étouffe-chrétien). Après une petite bagarre pour une carafe d'eau, retour à notre chambre, Marianne se blottit sous les draps pour éviter les moustiques et j'écris le journal. Il est 22h : je lis encore un peu ma bête histoire d'amour entre deux américains en Grèce.

Samedi 18 avril 1981

Malgré nos inquiétudes, la nuit est bonne. Réveil vers 7h, petite toilette puis lecture, on va prendre le petit déjeuner vers 8h et nous sommes les premiers : c'est toujours américain mais pas excitant. Départ vers 9h par la piste de Port Salut : on franchit deux gués sans encombre mais avec des gamins qui tapent sur la voiture. Le paysage est toujours très beau, de petits mornes pas très verts mais pas tout secs quand même ! Traversée de deux ou trois villages de Cayes avec cimetière familial à chaque maison. Arrivée à Port Salut (27 km) : contrôle de police. Plaque d'hommages à Duvallier. Splendide baie. 4 km plus loin, le Macaya Beach hôtel où nous avons une chambre mais il y a du monde (toujours le week-end de Pâque, jeudi saint et vendredi saint étant fériés en Haïti). C'est un bungalow superbe très style Club , 2 lits jumeaux murs en gros galets et ciments, rideaux et couvre-lits de bon goût, meubles simples beaux carreaux dans la salle de bain, une jolie terrasse avec vue sur la mer et un jardin bien tenu. On s'y installe vers 10h1/4 ! On nous amène de l'eau fraîche, des serviettes, un bouquet de fleurs ; il y a de beaux tableaux haïtiens à la réception. Plus bas, un bar, pingpong, piscine puis la plage qui se continue superbe par la plage de sable blanc de Pointe Sable où des haïtiens campent pour le week-end, bateaux à voile, ski nautique. Je trouve ça très sympathique.
Petite promenade sur la plage : on revoit les « jumbos » de Nancy (lui édite des catalogues de voyage, elle est prof de math). Bain dans la mer qui est belle mais avec du sable un peu remué. Rinçage en piscine et buffet/ barbecue à l'ombre au bord de cette piscine. Il y a du monde, y compris des haïtiens riches. Nouvelle promenade plus loin cette fois et traversée de la mer avec de l'eau jusqu'à mi-mollet pour atteindre l'île (toute petite avec des coquillages et l'eau à au moins 37° au bord). Nouveau bain puis retour / douche pour aller jouer au tennis de 5h à 6h15 : les grillages sont tout à fait déficients mais il y a des ramasseurs de balles (ils savent même marcher sur les lunette de soleil de Marianne qui souffrent !). Je joue un peu avec un gamin (Joseph) à la fin, qui veut nous emmener au bal, (de même que Daniel qui fait du gringue à Marianne) et nous vendre du café grillé. Nouvelle douche, petit câlin. Une pluie torrentielle pendant une ¼ d' heure.
Apéritif au rhum-punch (assez fort cette fois) au bar du bas, partie de pingpong malgré l'alcool. Nous montons dîner au restaurant vers 8h1/4 ; excellent poulet grillé au maïs, blanc-manger comme dessert. À 9h30, Marianne fonce se coucher. N'ayant pas envie, je vais écouter les Macayes (orchestre du patron Suisse et des garçons) qui chantent en créole. La haute société haïtienne boit beaucoup, joue aux cartes (une sorte de « barbu »), au jeu des gages et rigole tout le temps. Retour vers 11h30, nuit très chaude (ventilateur).

Dimanche 19 avril 1981

Réveil vers 6h30 ; il fait beau. Analyse de la décision sur l'endroit où passer la dernière semaine. On décide d'aller coucher à Taïno, si la plongée y fonctionne, d'y rester sinon, d'aller à Kyona après un dernier coup de fil au club pour voir. Dommage qu'il n'y ait pas de plongée à Macaya car c'est très chouette. Petit déjeuner à 7h30 – 8h. On hésite encore devant les tableaux haïtiens. Retour à la case pour journal / lettre à Mémé.
Descente sur la plage, bain, bronzage, essais infructueux de planche à voile : nous ne sommes vraiment pas doués alors que d'autres y arrivent très bien et font aussi du monoski. Il y a déjà beaucoup moins de monde. On remonte vers 10h30 : on se décide pour les tableaux (il nous fait 10 % si on prend les 4 et je paie en FF). Joseph nous apporte son café, 2 paquets pour 7$, c'est une fortune mais ça lui fait visiblement plaisir et il sent délicieusement bon. Valises ; noté réglée ; échange un livre contre un SAS ! Départ vers 11h15 : on retraverse Port Salut puis la petite campagne de collines du Sud mais il se met alors à pleuvoir. La piste reste correcte et les gués franchissables (Marianne : au passage d'un gué, comme nous ne payons personne, un gamin fait mine de lancer une grosse pierre sur la voiture. Frousse !). À 12h30, arrivée à Gelée Beach (motel restaurant), c'est vide et assez sinistre mais la patronne nous accueille aimablement. Citronnade. Pendant que nous allons sur la plage peu ragoutante (la belle à l'air d'être un km plus loin), on nous prépare un repas de poisson grillé et salade, le tout est bon mais jamais donné, comme toujours en Haïti.
Départ vers 14h à 3 km les Cayes dont on fait le tour en voiture (Marianne : toujours sous la pluie), une cathédrale et son calvaire, un zocalo, avec quelques mignonnes maisons peintes et des tas de rues fermées car c'est Pâques ! Plein d'essence, on nous met un plastic sur le réservoir car il recommence à pleuvoir et c'est de nouveau la splendide route du Sud sous des giboulées (arrêt photo au cimetière de St Louis du Sud). Il recommence à faire beau dans le paysage bucolique de « Virgile » ! « Cavaillon », « Moussillac », « Fond des Nègres » etc.
De retour à petit Goave à 16 km (Marianne : village assez typé avec quelques maisons très hautes de style colonial). On fait un tour dans le village puis chemin de bord de mer et on arrive enfin à Taïno à 16h30 ! Notre chambre nous attend : au premier étage d'un bungalow-chalet avec vue sur la mer et les cocotiers, c'est plus sympathique que l'autre jour car il y a moins de monde. À la réception je retrouve mes lunettes de soleil : par contre Marianne a cassé la branche des siennes (un garçon a marché dessus au tennis hier soir).
Vers 17h nous voulons aller au tennis mais il est occupé. Tour à la case de plongée (elle est fermée mais on voit les tarifs), à la boutique (rien d'intéressant), petit bain pour moi dans la piscine mais le rhum-punch de « welcome » m'a coupé les bras. On retourne au tennis jouer de 17h40 à la nuit. (Marianne : on joue très mal mais j'aime quand même ça)
Au bord de la plage ensuite pour voir le coucher de soleil rose entre la côte et la Gonave.
Douche / toilette / lessive. Écriture du journal sur notre terrasse éclairée, nous sommes beaux et heureux (Marianne : et modestes). Il est 19h15, on va bientôt aller dîner (roti lardé commandé). Le diner est copieux mais assez quelconque dans une grande salle à manger où il y a encore quelques personnes (c'est le dernier soir pour les Français). Petit ping-pong, promenade sur la plage et la jetée (le clair de lune éclaire le fond de l'eau tellement elle est claire). On voit des torches partir dans la compagne vers un tam-tam Vaudoo ?
Retour chez nous et dodo vers 9h30.

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