vendredi 4 février 2011

Voyage en Haïti (en Avril 1981)

jeudi 9 avril 1981

Réveil à 6h45, lever 7h15, il fait toujours beau et chaud. Petit déjeuner à 7h30 avec les 2 américaines. Téléphone pour réserver 2 nuits à Ibo Beach : OK pour une chambre standard à 60$. On décide d'y aller vers le déjeuner. Retour à la chambre pour ranger. Piscine et bronzette. Écriture journal et cartes postales. De gros nuages !
Départ vers 10h30 ; passage en ville à l'office du tourisme puis à la poste, timbres et mise à la boite des premières cartes.
On roule vers le port : bidonvilles réellement affreux puis comme la veille route de Cap Haïtien. Environ 30 km au bord de la mer : paysage très sec, quelques usines, rien d'excitant. À gauche, chemin de terre jusqu'à l'embarcadère pour Ibo Beach – Cacique Island. Nous garons l'auto sous un arbre. Arrivée très rapide du bateau 5 mn de traversée : une marina est laissée à gauche et le bateau passe dans un chenal au milieu des palétuviers. Petit débarcadère. La réception nous attendait mais accepte de faire 20 % AF (après coup, on pense qu'ils nous ont mis du coup dans une chambre supérieure). En tout cas, c'est un bungalow « à la haïtienne », 1 lit double + 2 lits simples + 1 dressing + une salle de bain WC et c'est propre. Claire voie donnant sur un porche et vue sur la plage coralienne, la mer est belle à 15 m. Petit tour de l'île à pied : luxe déchu apparemment, très peu de bungalows sont occupés ; 2 tennis, un seul a un filet, golf miniature en friche, par contre ping-pong, on peut louer voilier et planche à voile; Ecole de plongée. Ensuite nous allons déjeuner : carte très succincte et le club sandwich y figurant ne peut être servi ! Nappe sale et service douteux : mauvais rapport qualité prix. Petite sieste et écriture car le soleil tape.
Bain dans la mer et bronzage mais passage à la boutique car la « trousse bronzage » a été oubliée à Port au Prince. L'eau est bonne et le soleil chauffe fort. Renseignements l'école de plongée (leçon de 3h à 50$ et 30$ par plongée). On décide qu'on louera masque et tuba le lendemain. Nouvelle promenade au bout de l'île : découverte d'un second tennis en état, des tas de cotonniers, de bungalows vides, de restaurants désaffectés et d'une belle piscine vide. Le Club pourrait en faire un village très réussi avec un peu de travail.
Une heure de tennis (4h1/2 à 5h1/2) : nous crevons de chaud ; douches puis boissons au bar. Retour au bungalow : Marianne repose son mal de dos et j'écris le journal et fais les comptes sur la terrasse. La nuit tombe !
(Marianne) :Petite sieste jusqu'à l'heure du diner. Dans le « restaurant » une table de canadiens (3 femmes et 1 homme) et la table des moniteurs de plongée (2 femmes et un barbu). Assez sinistre. Repas complet correct mais à nouveau odieusement cher (12$ par personne). L'Inde nous a peut-être gâtés. Un orchestre pousse la chansonnette en créole et nous serre de près, sans doute en espérant un pourboire. Nous esquivons et rentrons au bungalow sans eau pour la nuit, car, parait-il, l'eau du robinet est bonne. Je me méfie quand même.

Vendredi 10 avril 1981

Bonne nuit malgré vent sur la mer et quelques moustiques. Dos guéri.
Réveil à 6h30 : grand beau , mer d'un bleu superbe, un peu de vent. Petit déjeuner très complet. Départ de l'île vers 8h30. Passage à P au P à La Griffonne pour récupérer les produits solaires, montée par rue d'Alencourt et avenue Panaméricaine à Pétionville puis route de Kenscoff. Arrêt en route à la distillerie Barbencourt : gouté quelques rhums-liqueurs et acheté du vrai rhum (2 bouteilles) ; on continue à monter : panorama puis changement de végétation, quelques pins, cultures en terrasse, paysannes portant des tonnes sur leur tête. Arrivée à Kenscoff piège à touristes (seulement 2 marchés par semaine) mais enfin il vaut le coup car beaucoup plus de légumes que celui de Mirebalais : carottes, choux, poireaux, pommes de terre, maïs, riz, et même fraises, le tout pratiquement installé dans un champ. On essaie de continuer un peu la montée vers Furcy mais la route devient mauvaise et en faisant demi-tour devant un tonton Macoute, je casse le feu de recul dans le bas côté. Un noir arrive en courant et nous dit « stop » !!! Redescente, arrêt pour photo « payante » d'une paysanne avec coqs. Passage à Boutilliers pour vue aérienne sur Port au Prince : on voit effectivement toute la ville. Repassage à Petionville, descente par route de Delmas sur laquelle on s'arrête déjeuner au « Récif », restaurant assez chic : brochettes excellentes de langoustes, lambi, gribiches etc.
De retour à Ibo Beach après avoir pris de l'essence (et découvert que le bouchon d'essence avait disparu) vers 14h.
Nous allons louer le matériel et sortie pour snorkeler : peu de poissons et pas très gros mais beaux fonds (immenses cornes de cerfs et gorgones). Bain, bronzage sur la plage ensuite. Tennis de 5 à 6 et joie ! L'eau qui était coupée est revenue. Douche, lessive, sieste de Marianne, journal pour moi.
Diner avec toujours une aussi folle ambiance (3 belges et 2 américains en plus, 3 canadiens en moins) et toujours l'orchestre qui ne se renouvelle pas « Haiti chérie », « la bamba » etc. on se raccommode avec les garçons en donnant un pourboire. 5 mn au bord de l'eau, retour au bungalow, toilette, lecture1 jusque 9h1/2.

Samedi 11 avril 1981

même nuit que la veille : moustiques de petite taille et rafales de vent.
Beau temps au réveil à 7h. Toute notre lessive a bien séché en une nuit. Petit déjeuner à 8h15, toujours aussi copieux. On refait les valises, on passe payer à la réception (pas de surprise) et à l'embarcadère. Traversée ventée. Cette fois-ci on prend réellement le route de Cap Haïtien. Il fait très chaud! Passage à Duvallierville : c'est vraiment fou de mégalomanie. À partir d'Arcahaie, la route longe la mer et cela donne un très beau paysage : mornes secs et pelés comme des tapis brosses se jetant dans la mer bleue « outremer ». L'île de la Gonave au large. Une petite bande turquoise au bord et quelques plages de sable blanc et des fleurs uniquement aux endroits des hôtels et des résidences privées. De loin, la page de Kyona semble la plus belle. Après Montrouis, on s'arrête au Club : comme d'habitude, on ne peut pas entrer en voiture plus loin que la guérite, mais cette fois-ci un semblant de raison, un autocar en panne bloque tout mouvement de véhicule dans le Club. Un gardien nous emmène au planning où la G.O est très peu aimable mais ne nous désespère pas complètement et nous dit de téléphoner mardi, nous donne les tarifs et confirme qu'ils font 20 % à AF. On voit une belle piscine et un bateau de ski nautique, une architecture moyenne mais de beaux jardins. Nous allons ensuite boire un pot et demander les tarifs à 1 km de là au Xarangua Hôtel récent très propre et VIDE !! pour moitié prix du club qui est plein : pourtant une jolie piscine et une plage agréable, nous y reviendrons peut-être.
Passage à St Marc ; petit port avec zocalo, maisons coloniales vieillottes. La route monte dans une forêt de cactus et redescend dans les vertes plaines de l'Artibonite : on voit un grand marché, des rizières, des villages en pisé, toit de chaume et aire de battage. Puis nouvelle forêt de cactus arbres avec gros troncs. Traversée de Gonaïve : gros bourg carrefour sans attrait. Puis la route devient très belle jusqu'à Cap Haïtien : on roule en montagne ou dans des vallées très vertes. Énormément de monde sur la route et est-ce le samedi ? Toute la lessive sèche au bord et les femmes on l'air un peu mieux habillées.
Pas de déjeuner. Arrivée au Cap vers 2h15. Nous devons déclarer notre identité au poste de police. Un petit tour en ville où nous voyons une mer « Atlantique » grise avec rouleaux et une rue assez sympa : vieilles maisons en bois, le reste toujours aussi moche. On croise un enterrement : 3 enfants de choeur en aube blanche puis un orchestre jouant de la trompette devant une cadillac-corbillard. 8 km de piste jusqu'à Cormier plage où il y a de la place sans problème. Le personnel est bien habillé, le bungalow haïtien de bon goût mais... il y a des nuages, la partie baignade de la mer est minuscule avant les coraux et les oursins et surtout le tennis n'est pas grillagé ! (Marianne) On se décide quand même à faire du tennis après le bain difficile du Choupy courageux. Pas de problèmes pour ramasser les balles : un petit noir le fait. Nous lui promettons un salaire demain. Est-ce le revêtement, l’entraînement, la température plus fraîche...en tout cas nous jouons un peu moins mal. Après une heure, nous rentrons prendre une douche et nous reposer. À 7h30 nous partons diner affamés car on a jeûné à midi. Excellent repas (poulet au cajou, purée de noix de coco, tomates provençales, bananes flambées) suivi pour moi de rhum sec 5 étoiles et pour Pat un planteur. Retour au bungalow où nous trouvons les lits ouverts et du bégon allumé. Pat lit Van Voght. Dodo à 9h30.

Dimanche 12 avril 1981

(Marianne)
Bonne nuit dans 2 lits hélas, mais très confortable. Le bégon semble avoir tenu les moustiques en respect. Lever vers 7h, excellent petit déjeuner sous la deuxième choucoune. Départ en direction de Milot où nous sommes moralement obligés de prendre un guide (5$). Il vient avec nous dans la voiture et nous commençons une montée atroce en direction de la citadelle (en laissant à gauche le palais de Sans-Soucis). Gros cailloux, crevasses, montées très raides, boue par endroit, tout pour plaire à la voiture qui manque de nous lâcher par vapour lock vers le milieu. On attend un peu et je descends. Finalement ça passe. Sur la « route », des tas de haïtiens qui montent à pied. C'est sans doute un lieu de picnic. D'autres essaient de nous vendre des flûtes, des paniers, des chapeaux, des colliers ou à boire. On arrive enfin au parking sous un soleil de plomb (il fait superbe depuis le matin). De là on continue à pied. C'est très raide mais il souffle un vent frais qui rend l'effort presque agréable. D'en bas, la citadelle se détache sur le ciel bleu, de très impressionnante façon. Arrivés là, on visite. Beaucoup de canons, certains, étrangers en bronze magnifiquement sculpté, datant de Louis XIV, Napoléon etc. et sans doute récupérés sur des bateaux. D'autres, « pays », en fer tout rouillé et moche. Le chemin de ronde est couvert de boulets. Le plus chouette, c'est la vue, magnifique dans tous les sens. Des montagnes en bonnet d'évêque, couvertes de végétation, et au loin la mer avec Cap Haitien. On finit par redescendre avec un point de côté et les jambes en coton. Le voiture se comporte correctement. Après la visite du palais (très ruiné par le tremblement de terre de 1842), le guide nous quitte dans Milot. Petit tour sur le front de mer. Nous regagnons le Cap et déjeunons à l'hostellerie du roi Christophe. Miracle, on a eu une salade d'avocats. On trouve des cartes postales d'un naïf (Laetitia) fabuleux. Il faudrait trouver les originaux ! Retour à Cormier où nous passons l'après-midi. Le ciel s'est un peu recouvert, hélas. Mais on prend quand même un bain puis lecture sur la plage, puis tennis (avec des gens qui restent au bord, je déteste ça).puis repos dans un hamac puis coca et lecture au bord de mer jusqu'à la nuit, puis douche et repos au bungalow puis apéro (punch et rhum cocktail) et excellent dîner : (Patrick) soupe au gorimon, poisson avec haricote et pommes de terre au bacon, tarte noix de coco. Toilette, lecture et dodo à 9h15 crevés.

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