samedi 5 février 2011

Voyage en Haïti (en Avril 1981)

Lundi 13 avril 1981

(Patrick)
Réveil à 7h 30 ; peu de soleil mais moins de vent aussi. Marianne voudrait partir mais j'ai envie de voir Labadie aussi je la persuade de rester. D'ailleurs, sortis de la chambre, le temps est meilleur : le soleil est juste derrière le voile et va percer. Toujours petit déjeuner à l'américaine sous la choucoune ; on nous présente le menu du déjeuner et nous optons pour une langouste grillée. Je demande s'il est possible d'aller à Labadie en bateau et c'est sans aucun problème : nous prenons le matériel de snorkeling dans la hutte-réception, quelques paréos et on embarque. Le bateau touche un peu les coraux car c'est marée basse et on sort de la passe. Belle côte sauvage, on passe au large de Coco Beach, un hôtel de 500 chambres construit par la France, qui ouvrira en décembre. Il semble très bien situé car il a 2 plage, une vers le large et une dans une baie au calme. Puis nous quittons les vagues pour la superbe baie de Labadie petit village propret de pêcheurs, alimenté en eau douce par deux petites rivières fraîches qui permettent même une rizière. Au bout de la place, une superbe maison isolée appelée « 1492 ». Nous reprenons le bateau pour aller dans la même baie à la plage privée de Cormier Plage à Labadie : c'est charmant et un petit gardien aurait pu nous y louer une planche à voile. Petite balade sous marine : beaucoup de sable avec algues mais sur les bords quelques coraux, gorgones et petits poissons de couleur. Vu aussi de gros escargots marins. (Marianne : les gorgones sont mauves. Il y a des algues qui ressemblent à des éventails en plumes d'autruche et des « choses » arborescentes terminée par des sortes de doigts qui s'agitent quand on passe ! L'eau pourrait être plus chaude – chair de poule très rapidement ; Patrick : elle est sûrement à 27° au moins !). Retour mouvementé face au vent, Marianne est trempée par les embruns. Nous allons nous doucher vers midi. Petite lecture et écriture au soleil sur la plage.
Déjeuner succulent sous la choucoune du petit déjeuner : langouste grillée avec sauce à l'échalote et riz blanc et salade de fruit.
Lors de la sieste, nous nous apercevons que la balade en mer nous a valu de superbes coups de soleil : on lit donc un peu et nous ne ressortons au soleil qu'à 4h. Il y a d'ailleurs quelques nuages qui passent sur le morne. Bain devant l'hôte avec les masques pour éviter les oursins.
Au tennis, d'abord comme spectateurs (petite famille française) puis comme joueur avec un américain qui me fait transpirer puis s'enfuit en courant car sa mère se trouve mal. Quelques balles avec Marianne à ce moment.
Douche, lait apaisant sur les épaules, lecture/sieste avant le dîner : excellente soupe de poissons, filet au gingembre avec patates douces, gâteau cannelle après un punch. Le patron nous propose d'aller à Cap haïtien où il y a bal au Roi Christophe et toute la société du Cap : nous déclinons. Retour au bungalow begonisé à 9h15, lecture dodo.

Mardi 14 avril 1981

Réveil à 6h par pluie sur toit du bungalow, lever à 7h15 : le temps est couverts mais s'est éclairci. On refait la valise. Petit déjeuner toujours excellent : on demande la note et nous voilà partis à l'auto qui à un pneu à plat ! Changement de rout vite fait avec l'aide d'un gars de l'hôtel mais la roue de secours une fois en place à l'air un peu dégonflée. Ils dégottent je ne sais où un compresseur qui regonfle cette roue mais nous expliquent qu'une telle machine coûte cher etc. on a compris . D'ailleurs on est d'accord de donner quand ça correspond à quelque chose car il y en a tant qui tendent la main pour un « tit cadeau » sans raison. On repart enfin vers 9h15. Photos de Cap Haitien vu d'en jaut. Arrivés en ville, on laisse notre roue à réparer dans une station service où la voiture est immédiatement prise d'assaut par dix gars à la fois et on va se garer un peu plus loin.
Mis lettres et cartes à la poste. Promenade dans les petites rues autour du marché et de la cathédrale : c'est nettement plus joli que Port au Prince. Vers 10h on récupère la roue pour 10$ bien qu'on ait discuté, rien à faire pour baisser ! Nouvelle déclaration de sortie (comme Sanchi) à la police de Barrière Bouteille. Puis c'est la même route que l'autre fois : remarqué ce coup-ci le charmant village de Plaisance avec ses petites maisons peintes noyées dans les bananiers, la montée du col du Puilboreau très jungliforme et sous la pluie (pour 10 mn seulement), la descente très sèche et crayeuse dans une « scenic highway », la jolie vallée de Passe-Reine, les rizières d'Estère et les petites maison de Saint Marc. Au passage à Gonaive, arrêt infructueux dans un restaurant qui n'avait ni jambon ni fromage pour faire les sandwiches demandés mais par contre proposait du homard. Pris de l'essence. Arrivée à l'hôtel Xaragua proche du Club vers 3h. C'est assez cher mais la chambre est très bien, la piscine belle et la plage très correcte. Boisson de bienvenue style milk-shake très appréciée. Baignade, bronzette lecture sur la plage puis Marianne fait des plongeons dans la piscine pour apprendre. Tennis de 5h30 à 6h25 car la nuit tombe. Très beau coucher de soleil ; douche ; la piscine s'allume sous notre petite terrasse. Téléphone au club, pas de place pour dormir mais OK pour la journée à 25$ par personne. Nous réfléchissons au fait de dormir au Xaragua où chambre et piscine sont bien et passer la journée au club pour le buffet de midi et les sports (ski nautique, planche à voile), le tout pour moins cher que le club. Mais cela oblige à garder la voiture jusqu'au bout ! En tout cas, nous sommes sans contrainte de date pour la suite et aviserons entps et en heure. Marianne lit en djellabah sur le lit, il est temps d'aller diner. Dehors sur la terrasse, 4 tables seulement dont un couple de haïtiens (lui a fait 3 balles au tennis avec moi pour voir). La nourriture est copieuse et correcte mais pas aussi fine qu'à Cormier. Petite halte au bord de la piscine éclairée. Marianne lit Match et moi Time dans le lobby. Retour à la chambre et dodo à 9h40

mercredi 15 avril 1981

Dormis à l'aise : chacun dans un lit double mais assez mal : chants dans le lobby puis trop chaud et un moustique. Réveil vers 6 h. on décide d'aller jouer au tennis : une heure de 7 à 8. Pour la première fois on fait un set (6-2 pour moi !) et des balles, puis Marianne veut faire du mur : résultat une balle par dessus et on ne la retrouve pas par derrière, il fait déjà chaud.
Douche puis descente en maillot pour le petit déjeuner. Le service y est assez mauvais : Marianne n'a jamais eu sa papaye et attend longtemps son café. Petit bain dans la piscine puis séchage et retour à la chambre pour toilette et valise. Départ vers 10h. De nouveau la route de côte avec les plages et une eau turquoise superbe. On s'arrête à Kyona Beach pour demander les tarifs : ils font 15% à AF, le tarif d'été comprenant voile et planches à voile gratuites. La plongée existe et est payante au même tarif qu'Ibo Beach. La plage semble superbe et le restaurant agréable mais ni piscine ni tennis.
Route jusque Port au Prince que nous atteignons vers 11h30 : on passe au garage faire prolonger le contrat de location juqu'au samedi 25. On leur signale le vol du bouchon d'essence mais c'est paraît-il très courant ! Déjeuner au restaurant « le rond point » correct mais ça ne vaut pas « le récif ». Marianne a des crevettes grillées à l'ail et moi un poisson pané sauce à la moutarde. Puis sortie par le bord de mer vers le Sud : on aperçoit la route de l'habitation Leclercq. Comme le dit le guide bleu, énormément de tap-taps qui s'arrêtent partout, même des camions aménagés avec accès latéral assez extraordinaires. Ensuite campagne assez riche, bananes, cannes, rizières en bord de mer mais plages peu tentantes. Après Léogane, on quitte la route des Cayes pour faire 43 km de virages sur une route apparemment de crête en permanence : vues sur la baie de Port au Prince, sur l'île de la Gonave, puis sur la campagne, enfin sur la baie de Jacmel où nous arrivons vers 3h. Contrôle de police à l'entrée puis fin du goudron. Quelques maisons coloniales mais pas celles que l'on attendait. Sans plan et avec de rares panneaux, on tourne un peu en rond poursuivis par des gamins rabatteurs qui veulent nous emmener à « leur » hôtel. On arrive quand même à « Jacmelienne Beach » hôtel assez chic avec toutes les doudous en costume traditionnel blanc superbe. Ô joie, ils font déjà le tarif d'été + 15 % à AF. Malheureusement le tennis indiqué par certaines agences de voyage françaises n'existe pas et la piscine est petite. Cocktail de bienvenue offert au bord de celle-ci. La chambre est très bien : 2 grands lits, table et chaises en rotin, salle de bain en azuleros, terrasse donnant sur la mer (plage de sable noir et jolie baie) et la cocoteraie. Petite sieste et rangement affaires dans armoire. Bain dans la mer (très chaude) elle est épatante pour le body surf, rinçage en piscine et le soleil commence à se coucher. Nous rentrons prendre un douche et nous habiller. Petite promenade au bord de l'eau : on voit un match de volley blancs/haïtiens, la toilette des natifs là où la rivière se jette dans la mer, puis le port et ses sacs de charbon de bois et la jetée. Retour à la tombée de la nuit par la rue de derrière où les lumières s'allument : cela fait vraiment pauvre !
Un petit planteur au bar. Retour à la chambre jusque 7h20 où on vient ouvrir notre lit. Excellent diner (cabri pour moi, poulet aux olives pour Marianne) et excellent café. Le tout avec bougie sur la table et service blanc impeccable. Chez nous à 8h40, lecture journal et compte.

Jeudi 16 avril 1981

(Marianne)
Pat dort bien mais pas moi, peut-être le ventilo qu'on a laissé en marche car il fait très chaud ou le bruit des rouleaux qui se fracassent sur les galets en bordure de la plage de sable noir...Lever très tôt car une dure journée nous attend. Résultat on attend que le petit déjeuner soit mis en train (ça ne commence qu'à 7h). nous breakfastons dehors, sous les cocotiers, avec le soleil qui chauffe déjà. Après palabres, nous obtenons (pour 7$) un picnic dans un panier et on nous amène à un « guide » qui nous conduira au bassin bleu. On se met en route passé 8h. Emmanuel, dit Manou porte le pic nic et Patrick le sac rouge. Moi rien, la suite me fait dire « heureusement ». Dès la sortie de cette ville fantôme qu'est Jacmel il faut déjà se déchausser pour franchir 2 cours d'eau (appelés « rivière », dixit Manou). Ça fait mal aux pieds (que j'ai petits toujours dixit Manou) et ma robe se trempe un peu. Pat passe plus dignement mais néanmoins sous quelques quolibets des haïtiens, toujours « fiers et hospitaliers » tout à fait comme dans le prospectus de l'office du tourisme. Après ça on se rechausse et ça commence vraiment. D'abord du plat le long de la rivière où des femmes, parfois torse nu, assises dur un caillou battent le linge de toute leur force. Des enfants se baignent, des gens se lavent. C'est joli. Ensuite on monte le long d'un petit torrent sur un chemin très fréquenté. Puis le chemin devient plus étroit et les gens moins nombreux. Ça monte, le chemin est souvent creux et donc surchauffé, pas un souffle d'air, une caillasse pas possible et des croisements difficiles avec des paysans chargés qui parfois nous saluent avec bonne grâce, « bonjour blanc », « salut blanc » etc et parfois disent « donne-moi quelque chose blanc ». La moutarde me monte un peu au nez et j'ai souvent envie de leur répondre d'aller demander à Jean-Claude. Peu à peu je deviens apoplectique, Patrick fait eau de toute part, mais nous continuons à un rythme endiablé, parce que Manou nous a dit que nous au moins nous sommes bons marcheurs. Sous un arbre, nous rencontrons un Suisse complètement crevé, ce qui nous redonne du cœur au ventre. On continue plus ou moins avec lui, son guide nommé Simon qui est copain de Manou, une petite amie de Philippe (le Suisse) haïtienne qui déconne tout le temps en l'appelant « tu viens chéri » et une autre qui ressemble à Samy Davis Jr et fait le clown sans arrêt. Elle est à cheval mais avec eux. On arrive à une baraque dans un verger d'arbres à pain (appelés LAM ici) et de bananiers. Un mec prétend qu'il est le gardien du bassin bleu et nous extorque 5 gourdes par personne. Des enfants veulent nous vendre des cocos. J'en bois une pour 2 gourdes (prix qui scandalise Manou). On continue en direction du bassin, dans une végétation plus « junglesque ». La rivière qui le forme ressemble à Rivière Falaise avec des papyrus en plus et de la jungle en moins. Tout en haut, il y a un assez beau simili lac Bleu. Pat se fait encore voler 3$ pour voir le bassin le plus haut, moi j'ai renoncé. Halte un peu longue au cours de laquelle on se baigne (l'eau est très fraiche), les 2 haïtiennes se mettent seins nus et provoquent énormément. Il y a une quantité de jeunes haitiens qui s'agglutinent dans l'espoir de nous soutirer encore quelque chose. Manou en bat un à coups de bâton et un à coup de pierres. Ils ne sont pas tendres entre eux et c'est toujours le plus fort qui empoche le pactole au détriment des petits.
(Patrick)
Arrivée d'une excursion du Club Med emmenée par le GO belge Silvain et terminée par une superbe blonde au dos chocolat (et aux seins aussi !). Tout ce petit monde se met à poil sans problème blancs comme noirs : c'est la grande fraternité.
On redescend quelques mètres pour manger le piquenique : tomates, sandwiches, ananas et eau fraiche. Manou prend un bain car il a laissé tomber sa clé dans l'eau. Puis c'est le retour, même route dans l'autre sens. On se refait doubler par le cheval de Samy Davis, puis presque en arrivant, par les chevaux du club. Un coca salvateur pris au bord de la piscine vers 13h30 : le Club lui, déjeune. Puis bain dans les rouleaux, piscine. On remonte se doucher et faire un peu de lessive puis retour pour bronzer et pisciner. Le soleil se cache vers 16h ; retour/ sieste à la chambre. Départ à pied encore visiter le centre ville : 2 coins sympathiques, le marché de fer avec duex halles concentriques carrées et des colonnes partout laissant voir les marchandes sur la place de l'église, la place de la mairie style Zocalo avec l'hôtel Alexandre vert et blanc et la vue sur la baie de Jacmel, l'hôtel de ville où la télévision est branchée à l'extérieur sur Don Camilo, la pension Craft, d'anciennes maisons de maîtres, des arbres à fleurs rouges sentant le tiaré. C'est délicieux, parfois on sent aussi le café grillé ; Fresnel Electricité qui répare tout, avec musique du jeudi saint (toccata en ré de JS Bach à l'orgue, disco ailleurs). Retour par des rues plus poussiéreuses et tristes. Double rhum-punch cacahuètes au bar de l'étage avec livre/journal. Marianne dit que le second saoule ! Bon dîner avec glace au corosol. Coucher à 9h
(marianne) une fille du club nous félicite d'avoir eu le courage de faire la balade à pied et nous dit que 250 personnes partent cette semaine...??
vendredi Saint 17 avril 1981
(Patrick)
Je manque de crever par intoxication au flytox mais à coup de ventilateur, cela passe. Réveil vers 7h. Il fait très beau sur la baie de Jacmel. Petit déjeuner dehors avec les doudous en blanc à 8h ; poscine, bronzette, valise, départ vers 10h. On prend la piste des plages (état correct) jusqu'à Cyvadier Beach à 8km? Hôtel semble sympa mais en travaux. En bas d'un escalier, crique de sable jaune avec des gamins qui vendent des langoustes, cocos et fruits. Cela semble baignable. Retour sur Jacmel. Petit tour en ville, tout est fermé car le vendredi Saint est férié. De nouveau les superbes 400 virages où Marianne se sent réellement mal ! Petit arrêt pour éviter le pire, puis fin de la descente. En bas, virage à gauche pour la route des Cayes. C'est le bord de mer fertile comme entre Port au Prince et là. Petit détour à grand Goave, ville assez poussiéreuse ambiance Nord-Mexicaine. Puis chemin de terre pour Taïno Beach (hôtel figurant sur Jet Tour). Là, escroquerie dès l'entrée, 14$ (4 pour l'entrée, 10 minimum charge). À part ça, il y a un tennis, piscine correcte, restaurant choucoune, bars, et une belle plage avec tout petit corail plat au bord puis belle eau profonde vert clair assez chaude. On a l'air de pouvoir y faire de la voile et de la plongée. C'est la première fois que nous voyons du monde dans un hôtel haïtien. Bain mer/piscine, bronzage (je pèle !), déjeuner (attente une heure pour commander), rebain. Départ vers 15h car il reste 135 km à faire. Mais c'est de la belle route en état excellent dans un paysage superbe, malheureusement 100 % à contre jour (et j'ai perdu mes lunettes de soleil à Taïno). Verdure, petites collines aux formes bizarres, superbes baies du Sud avec plages désertes, petits villages de cayes avec les fêtes du vendredi saint (foules colorées rouge et blanc avec incantations et chants un peu en 'rhum'ées en plein milieu de la route qu'on fouette ou balaie, 2 groupes avec majorettes se font face et des gens à sifflets nous fraient un passage dans le tas).
Arrivée aux Cayes : contrôle de police, puis fin du goudron. On décide de n'aller à Macaye que le lendemain et on s'arrête à l'hôtel Concorde, un cran en dessous de nos habitudes ! Le jardin est mignon, la piscine correcte mais la chambre sent le renfermé. Petit bain piscine. Rhum-punch avec un couple de français déjà vus à Jacmel et qui voyagent avec Jumbo (à retenir !).
Du coup, on nous met tous les quatre à la même table pour un repas moyen (genre de thon au court bouillon, sauce piquante et gâteau étouffe-chrétien). Après une petite bagarre pour une carafe d'eau, retour à notre chambre, Marianne se blottit sous les draps pour éviter les moustiques et j'écris le journal. Il est 22h : je lis encore un peu ma bête histoire d'amour entre deux américains en Grèce.

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