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Avant de vous connaître je n'étais pas malheureux. J'aimais la vie. J'y étais retenu par des curiosités, des rêves. Je goûtais les formes et l'esprit des formes, les apparences qui caressent et qui flattent. Je m'intéressais à tout et ne ne voulais rien : on ne souffre que par la volonté.Sans le savoir j'étais heureux? Oh ! C'était peu de chose, c'était seulement ce qu'il faut pour vivre. Maintenant je ne l'ai plus. Vous m'avez fait tout perdre, et ne m'avez pas même laissé le regret. Je ne voudrais plus de ma liberté, de ma tranquillité passée. Il me semble qu'avant vous je ne vivais pas. Et, maintenant que je me sens vivre, je ne puis vivre ni loin de vous ni près de vous. Je suis plus misérable que ces mendiants que nous avons vus sur la route d'Ema.